Nous rêvons tous d’une Eglise renouvelée, qui soit à l’image du Christ. Enrica Zanin, alliée, au gré de ses voyages, rêve d’une Eglise nouvelle à partir d’églises bien réelles : ces édifices anciens, bâtis par des hommes et des femmes, que nous disent-ils de l’Eglise? Le rêve commence dans une petite église, du côté d’Assise.
En contrebas d’Assise, se trouve un lieu important de la tradition franciscaine : la basilique de Sainte Marie des Anges.

Il s’agit d’une immense église, de 126 mètres de long, couverte de marbre et décorées de stucs, qui nous accueille par sa monumentale façade baroque.
Dans cet espace immense et blanc, peuplé de pèlerins et de touristes, on prie à grande peine et on s’égare facilement.
Mais une église peut en cacher une autre.
Sous sa coupole monumentale, on découvre une autre église, plus petite, plus ancienne. À juste titre, on l’appelle la porziuncola, c’est-à-dire, la « petite part », parce qu’elle occupait un petit lopin de terre, au milieu de la forêt, au temps de saint François.

Il s’agit d’une petite pièce rectangulaire, avec une grande porte et un petit autel, un toit pentu et un sol couvert de débris de terre cuite. Cette petite église tombait en ruine au début du XIIIe siècle.
François, qui avait entendu le Christ lui demander de « réparer son Eglise », muni de chaux et de paille, œuvre à sa restauration. Il pense ainsi exaucer la demande du Seigneur ! Mais voici qu’un jour, sur le chantier, il lit ces paroles : « Ne vous procurez ni or ni argent, ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton » mais seulement « proclamez que le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 10,7-10). Il exulte : voici la vie qu’il désire vivre ! Il s’installe alors à la Porziuncola et c’est ici qu’il accueille ses premiers frères, qu’il vit en pauvreté avec eux, qu’il meurt en 1226.
Ce lieu a pour François une valeur particulière : peu avant sa mort, il prie ses frères de ne jamais le quitter : « ce lieu est vraiment la demeure de Dieu : c’est ici que le Seigneur nous a éclairé par sa sagesse, c’est ici qu’il a allumé en nos cœurs le feu de son amour » (Thomas de Celano, Vita prima, 503).

Encore aujourd’hui, à tous ceux qui entrent dans cette église, Dieu accorde « un pardon ample et généreux, et la rémission complète de tous les péchés ». C’est écrit sur l’autel, c’est ce que le Seigneur a promis à François, une nuit d’été de 1216.
En quittant la grande église pour entrer dans la petite, on a le sentiment de revenir à l’essentiel : de retrouver l’intimité humble et pauvre de nos cœurs avec Dieu. On a envie de vénérer les murs en chaux en imaginant les mains de François qui les façonnent, les prières qu’il a prononcées en ces lieux, le rêve inouï qui a débuté ici : « réparer l’Eglise » en abolissant tout ce qui l’entrave et la dégrade – à commencer par les façades blanchies, qui cachent sous une apparence magnifique toutes sortes de choses impures (Matthieu 23,27).
Ce rêve, que François découvre en 1205 à la Porziuncola, est le nôtre aujourd’hui : pourquoi ne pas casser la grande Eglise, avec ses stucs, ses pompes et ses fastes inutiles, pour revenir à la simplicité de la petite Eglise ?
Dans ces temps de crise, où l’Eglise se vide, où sa construction laisse paraître des vices cachés, où sa structure tombe en ruine, l’envie nous prend de regagner la porziuncola, de revenir habiter cette « petite part », parce c’est ici, dans l’humilité, la simplicité et la petitesse, que se trouve la « meilleure part », qui ne nous sera pas enlevée.
Enrica Zanin
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