L’Eglise dont je rêve : une église pour tous

Publié parEnricaPublié dansHistoiresÉtiquettes :

Nous rêvons tous d’une Eglise renouvelée, qui soit à l’image du Christ. Enrica Zanin, alliée, au gré de ses voyages, rêve d’une Eglise nouvelle à partir d’églises bien réelles : ces édifices anciens, bâtis par des hommes et des femmes, que nous disent-ils de l’Eglise? Le rêve se poursuit en Toscane.

En entrant dans le Duomo de Sienne on est séduit par la beauté des murs, par la lumière des vitraux, par les mosaïques du plafond. Mais avant de regarder vers le haut, regardons vers le bas : sous nos pieds, le pavement s’anime d’images qui nous accompagnent jusqu’à l’autel.

Toute la surface de l’église est couverte de marbre qui retrace en couleur l’histoire de notre salut. Mais cette histoire n’est pas celle des prophètes, des disciples et des saints.

Les dessinateurs, sculpteurs et marqueteurs, qui ont travaillé pendant deux cents ans à ce chef d’œuvre, n’ont pas gravé les figures attendues de l’Écriture sainte. L’histoire du salut, nous dit la cathédrale de Sienne, n’est pas le projet d’un petit groupe d’élus. Une foule d’hommes et de femmes, qui pour la plupart ignorent le Christ, travaillent à sa venue.

Dans la nef centrale, ce sont les philosophes de l’Antiquité qui nous accueillent ! Ils ne connaissaient pas le Christ : et pourtant leurs écrits sont une source inépuisable de savoir. Socrate et Aristote sont là, ils tiennent un parchemin qui dit au visiteur : cherche le véritable bonheur, le seul qui ne passera pas. 

Dans les deux nefs latérales, se succèdent des portraits de femmes, aux allures exotiques. Une porte une tunique, l’autre un turban, une autre encore est libyenne et son visage est sculpté dans du marbre noir. Ces dix femmes antiques ne sont pas chrétiennes : mais selon les hommes de la Renaissance, elles ont su préparer la venue du Christ.

Une femme grecque porte un écriteau qui dit au visiteur : « Connais ton vrai Dieu, qui est le Fils de Dieu »

Une autre femme, originaire d’Asie, prophétise : « Avec cinq pains et deux poissons, il rassasiera cinq mille hommes assis sur l’herbe. Avec les restes, il remplira douze paniers d’espérance ».

Ces femmes nous conduisent vers le transept, où de nouveaux personnages nous attendent.

Il s’agit de Judith, Elie, Moïse, David, Josué, dont les mosaïques retracent l’histoire. Par leurs actes ou par leurs paroles, parfois sans le savoir, ils ont préparé la venue du Christ. 

Ce parcours, du parvis à l’autel, est ouvert à tous : que l’on soit chrétien ou athée, homme ou femme, blanc ou noir, l’église nous accueille et nous invite à avancer, ensemble, vers le salut. Ni les saints ni les baptisés n’occupent les premiers rangs : ce sont les païens, les femmes, les étrangers qui savent reconnaître les prémices du salut.

Le monde tout entier prépare la venue du royaume. Seuls restent dehors ceux qui, comme le pharisien, se croient plus généreux que la veuve (Luc 11,2) et plus digne que le publicain (Luc 18,11) : une mosaïque le représente, seul, devant le portail de l’église. 

Le pavement du Duomo de Sienne nous donne à voir une Eglise universelle, en marche, depuis l’origine du monde, vers le salut. Ce rêve du XIVe siècle est encore notre rêve aujourd’hui !

Car les Pères du Concile nous enseignent que : « À faire partie du Peuple de Dieu, tous sont appelés. C’est pourquoi ce peuple, demeurant uni et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers entier et à toute la suite des siècles, pour que s’accomplisse la volonté de Dieu » (Lumen Gentium, 13). 

Enrica Zanin

A lire aussi

Un avis sur « L’Eglise dont je rêve : une église pour tous »

  1. Ce rêve du 14eme siècle est encore notre rêve aujourd’hui”
    Saisissante visite par procuration de cette église qui réveille en moi l’image de notre petite caravane du Puits de Jacob qui s’est mise en route en Eglise avec P.Bertrand qui comme Abraham est allé vers le pays que le Seigneur lui a fait voir

    Répondre

Laisser un commentaire